Une tache fastidieuse [edit:recensé]

Un cheval marchait d’un pas cadencé dans les rues de Nemausus, en liberté, sans liens d’un genre quelconque genre pour le gêner dans ses mouvements. Sur son dos, un jeune garçon observaient les grands bâtiments à l’allure délabrée que tout le monde s’approchant du centre de la ville, pouvait apercevoir grâce à leurs toits montant vers le ciel.
Cet « amoncellement » ressemblant de très loin aux locaux de quelques bureaux fit frissonner Kazumi alors qu’Eden rendait leurs regards aux passants qui se demandait qu’elle était ce fou qui montait un étalon à cru et sans même un licou sur la tête de la grande bête noir. Car du haut de son mètre quatre-vingt, l’étalon imposait sa prestance et sa grâce tout autant que son cavalier passait inaperçu tellement il était fin et petit pour un garçon.
S’aidant de son assiette* et d’un langage gestuel complexe que personne ne comprenait, le jeune homme indiquait à sa monture le lieu où ils se rendaient et celle-ci n’avait aucun problème de compréhension. Les deux êtres se connaissaient depuis tellement longtemps que se comprendre était devenu facile.
Des écuries aux bureaux, le chemin était court mais long en temps car il y avait du monde et que Kazumi avait décidé de s’y rendre au pas ; pas la peine de faire courir Eden pour si peu et surtout pour ce qu’il avait à faire.

Le cheval s’arrêta devant l’abreuvoir tout proche et son cavalier mit pied à terre. Il flatta l’encolure de l’étalon et le laissa faire sa vie – boire, brouter l’herbe rase autour de l’abreuvoir, aller voir les autres chevaux, etc – assez confiant pour savoir qu’il n’irait pas trop loin ni qu’on le lui volerait. Certes, l’étalon commençait à prendre de l’âge mais personne n’était capable de le chevaucher mise à part son jeune maître ni même de l’approcher lorsqu’il le laissait en totale liberté comme aujourd’hui.
Kazumi se dirigea vers le bureau le plus proche et y entra en soupirant, peu content de devoir abandonner ses taches à l’écurie pour se faire recenser autrement que comme un « vagabond » ; nonchalamment, il se dirigea vers le bureau le plus proche où se tenait un jeune homme d’une vingtaine d’année, derrière un comptoir de bois noir, qui semblait ranger ou trier un paquet de feuille. Posant ses deux mains sur la desserte, il plongea ses yeux à la profondeur océanique et s’annonça sans attendre de questions de la part de son interlocuteur.

« Je me nomme Kazumi des Bel-Shinzaway et je suis là pour le recensement. »

Des sabots retentissaient dans la rue et beaucoup de personnes se retournaient sur son passage pour savoir s'il s'agissait d'un garde ou d'un officier de la caserne à cheval. Après tout, ils prenaient la peine de circuler dans les rues lorsque l'influence était au plus fort. Pour la sécurité disait-on. Et après tout, cela amusait énormément les petits de voir des animaux aussi grands.
Le cheval s'arrêta devant les bureaux de Nemausus où ce matin là, la file n'était pas aussi grande que d'habitude. Le recensement progressif des habitants se déroulaient plutôt rapidement ses temps ci, pour le plus grands bonheurs des fonctionnaires qui avaient un peu plus de temps libre pour ranger correctement leur dossier. Quelques murmures firent relever l'attention des habitants alors qu'un jeune homme traversait le hall pour se retrouver devant le comptoir. Un jeune homme, qui ne faisait que distribuer le courrier à l'administration, releva alors son regard étonné.

Excusez moi, je ne m'occupe pas de cela ... mais ma collègue ne saurait tarder, je vous prie de patienter

Sa voix était polie et posée, loin de celle de la secrétaire qui donnait des ordres sous sa voix criarde. En parlant d'elle, le facteur s'éclipsa rapidement lorsque la secrétaire revint avec un dossier sous le coude et un café dans la main. Ses lunettes pointant sur le bout de son nez, elle inclina légèrement son visage pour observer le jeune homme sans aucune gêne.

Bonjour jeune homme

S'installant rapidement en reposant ses feuilles sur un paquet qui menaçait déjà de flancher sur le bout de la table, elle alluma une simple lumière avant de croiser les bras sur la table et regarder à nouveau le jeune homme qui lui faisait face. A son goût, elle le trouva presque enfantin et pas assez pour pouvoir se faire recenser dans les bureaux. Pourtant, elle l'avait déjà vu auparavant ... elle savait qu'il s'agissait du fils de l'ancien propriétaire de l'écurie de Nemausus ... 16 ans bientôt. Ou peut-être avait-il déjà atteint cet age depuis ce temps. Et loin de vouloir s'apitoyer sur le sort du jeune homme dont la vie ne fut pas totalement rose, elle se racla la gorge avant de sortir un formulaire.

Je vous demanderais de remplir ceci ... Kazumi

Ce n'était pas toujours que la dite secrétaire blonde et coincée se permettait d'appeler les habitants pas leur prénom, leur accordant toujours un numéro de dossier pour s'en souvenir. Mais ce jeune homme, elle l'avait vu trop de fois à l'écurie en compagnie de son cheval pour l'oublier. Il était courageux et aussi vif qu'un enfant de 3 ans, désirant sans cesse apprendre. Mais mentalement, il était fort ... et loin de ressembler à un gamin. Lui accordant un de ses rares sourires, la jeune femme lui tendit également une plume qu'elle trempa dans le pot d'encre avant.
Sur le formulaire, on pouvait voir une demande d'inscription où il fallait écrire son nom, prénom, le quartier où il habitait et son emploi (cf fiche d'inscription et demande d'habitat). Elle releva alors son regard vers le jeune brun en se rendant compte qu'elle n'avait jamais cherché à savoir si le jeune palefrenier savait lire ou pas. Après tout, on pouvait considérer qu'il venait d'une famille assez noble pour s'être permit de parfaire l'éducation des enfants. Mais ce n'était pas le cas de tous le monde. Interrompant son geste lorsque sa main s'éleva pour le lui demander poliment, elle fixa un instant sa feuille avec de rencontrer à nouveau les iris du plus jeune.

A moins que vous vouliez que je le fasse ? Nous pouvons procéder ensemble à un recensement rapide et votre temps ne sera pas perdu par ici ...

Fastidieux. Voilà comment Kazumi trouvait ce simple rendez-vous aux bureaux de Nemausus. Et puis, d’abord, pourquoi avait-il fallut qu’ils mettent ce système en place ? Y avait-il un problème avec certaines personnes ? Où alors était-ce pour surveiller les habitants de plus près ? D’un naturel méfiant mais aussi curieux, le jeune homme se posait beaucoup de question mais sachant qu’il était en train de perdre du temps – temps qu’il aurait en moins pour sa balade dans les bois avec Eden – il fit au plus rapide alors qu’il suivait la secrétaire à la belle crinière blonde. Jolis cheveux, bien qu’un peu trop clair à son goût. Et puis de toute manière, les femmes ou les filles ne l’intéressaient pas : seule Eondir semblait compter à ses yeux.
S’asseyant en face de la jeune femme, l’adolescent l’écouta avec attention, ses yeux sombres plongés dans les siens avec fixité. Ce genre de regard avait tendance à mettre mal à l’aise et pourtant il était dénudé de toute mauvaise intention que ce fut ; on lui avait simplement appris que regarder son interlocutrice dans les yeux était un signe de respect, de politesse et d’attention.
Lorsqu’elle lui montra la feuille, Kazumi parcourut les lignes multiples en diagonale, se fichant bien de savoir exactement en quoi cela consistait pour peu qu’on le lâche rapidement. Alors qu’il allait prendre la plume qu’elle lui tendait, il la vit suspendre son geste et il quitta l’encrier des yeux pour rencontrer de nouveaux ceux de la dame. Elle lui annonça qu’elle pouvait s’en charger s’il préférait et il haussa les épaules en soupirant.

« Je sais écrire vous savez… »

De plus, il n’y avait pas grand-chose à noter. On lui demandait simplement, son nom – prénom – métier et ensuite il avait le droit à son lieu d’habitation. Quoi de plus simples pour quelqu’un d’habitué aux lettres ? Ainsi, le jeune homme prit-il la plume sèche qui se trouvait à côté de l’encrier – pour seconder la première sans doute – la trempa dans l’encre noire puis il se mit à tracer d’une belle écriture manuscrite et lisible l’ensembles des mots demandés un peu avant par la secrétaires. Lorsqu’il eut finis, il essuya la plume dans le chiffon prévu à cet effet puis il retourna la fiche vers la demoiselle pour qu’elle vérifie que tout soit en ordre et qu’il n’y ait rien à rectifier.
Elle n’avait pas précisé s’il fallait une signature il avait donc préféré ne pas prendre d’initiative pour cela.

La secrétaire se rendit alors compte de son erreur et la répara grâce à un sourire bien placé. Même si le jeune homme n'était pas forcément dans l'humeur de le lui rendre. Elle espérait simplement que sa demande ne l'ait pas vexé, comme son intention n'était pas de le nuire. Elle attendit alors patiemment que Kazumi remplisse le dit formulaire où pendant ce temps, elle ne fit que regarder ses papiers autour d'elle. Sa petite pause et son café sur le bord de la table lui permirent de boire quelques gorgées avant que le jeune palefrenier ne lui rend la feuille, correctement remplis. La secrétaire releva alors ses lunettes qui s'étaient permise de glisser sur son nez avant de signer elle-même la feuille de ses initiales et de la tamponner.

Merci beaucoup jeune homme ... votre situation est à présent régulière, merci d'être passé. Si jamais vous avez connaissance d'autres personnes ne s'étant pas encore recensé, s'il vous plait, faites leur savoir que ceci est important ...

La secrétaire passa ses doigts sur une mèche rebelle qui venait de s'échapper tout en rangeant soigneusement le formulaire remplit dans un dossier bien classé. Revenant rapidement sur le jeune homme, elle lui accorda un sourire avant de s'en défaire lorsqu'un autre employé s'imposa devant elle, lui demandant un renseignement complémentaire. L'envoyant bouler au loin avec une explication claire, elle revint à nouveau vers Kazumi.

Je vous souhaite une bonne journée jeune homme ...

[hj: tu es donc recensé, dans quelques minutes, je t'aurais ajouté à la liste des habitants. Merci =) ]

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