Perte de temps stupide et inutile... [Edit Lys : resencé ]

Si l’atmosphère était déjà lourde et pesante dans les bureaux de Nemausus, elle le fut encore davantage quand j’en passai les portes, flanqué de deux gardiens de la prison, mes gardes du corps. Et j’avais bien sûr choisi les spécimens les plus brutaux du lot, ceux qui m’étaient dévoués corps et âme. De véritables colosses qui pouvait à eux deux venir à bout d’une douzaine de personnes. Inutile de vous dire que tous s’écartèrent sur mon passage, nobles inclus. Arrivé devant un des fonctionnaires, je le toisai avec mépris de derrière mon masque. Les gratte-papier de la vile ne méritaient même pas ne serait-ce qu’une once de mon respect ou de mon attention.

« Fais ton office pathétique larve fonctionnaire, j’ai une prison à administrer et des condamnés à exécuter. Il y a des gens qui travaillent pour vrai et qui ne se cachent pas derrière un bureau en prétextant le faire. »

Le jeune homme, complètement terrorisé bredouille quelque chose du genre « retirez votre masque, votre foulard et votre chapeau pour une identification formelle. Mauvaise idée. Très mauvaise idée de sa part. De un, me donner des ordres, de deux, de me demander de m’humilier publiquement en montrant cette grotesque parodie de corps qui est mien, ce corps qui continuellement me faisait souffrir… Et j’allais lui faire payer chèrement son erreur. Faisant montre d’une force que ma chétive silhouette ne laissait pas présager, je le levai de derrière son bureau et approchai son visage du mien, la haine venant remplacer toute autre expression de mon regard. Il se retrouva avec la lame de mon épée fouet sous la gorge et les gardes en postes qui voulurent s’interposer se heurtèrent à mes gardes du corps qui les empêchèrent d’avancer.

« Ce que tu es en train de me dire c’est que tu veux voir le visage de la bête c’est cela? Le visage du monstre qui dirige d’une main de fer la prison? Est-ce que tu sais ce que l’air ambiant seul fait à mon faciès ravagé espèce de misérable avorton? Et je ne te parle même pas de la lumière. Alors tu vas reposer tes fesses sur ce siège, remplir ma fiche en vitesse et cesser de dire des imbécilités ou je te jure que tu finiras dans mes cellules et que je t’exécuterai moi-même. Compris? »

Tiens tiens, réaction intéressante de la part des nobles, ils me supportent et s’insurgent contre l’inadmissible comportement du fonctionnaire… Intéressant, très intéressant… J’en reconnais quelques uns qui m’ont demandé d’enfermer dans mes geôles certains indésirables de leur connaissance… Masi cela m’importe peu en ce moment. D’un regard en biais, je m’assure que les gardes ont reprit leur poste avant de lâcher le pauvre homme que je tenais par le col.

« Voici ma fiche d’indentification, ma preuve de résidence et si c’est un titre que tu veux relatif à mon métier, vermisseau, sache que je suis le gestionnaire de la prison. Et il est parfaitement normal que ce poste n’apparaisse pas sur tes fiches : je me suis autoproclamé comme tel. Pour la forme, inscrit… Geôlier principal. Ce sera tout? Parfait. »

Je jetais les documents à la face du pauvre fonctionnaire et quittai le bureau d’un pas de conquérant. Vailidation ou non, il devrait s'en contenter. Je n'étais pas du genre à revenir pour des détails si insignifiants. Direction : la prison. Cet intermède ne m’avait donné que plus envie de torturer un prisonnier…